Les « randonneurs du dimanche » à l’assaut du Pic

Le sentier du Pic Saint-Loup est victime de son succès. Une fréquentation massive qui témoigne du boom de la randonnée pour des citadins en manque d’air, sédentarisés par la crise sanitaire.

À Cazevieille, le sentier du Pic Saint-Loup ne désemplit pas. Lors des derniers week-end ensoleillés de mars, près de 3000 personnes ont bravé la pente rocailleuse du pic jusqu’à son sommet, à 658 mètres d’altitude. En cette période d’enfermement pandémique, ils sont nombreux à savourer le plaisir de se retrouver en pleine nature et au grand air. À deux pas de Montpellier.

Sacré pic

C’est qu’il attire, notre puissant menhir calcaire ! L’amer des garrigues est visible de partout. Du littoral à Montpellier, on ne voit que lui. Le Pic Saint-Loup domine un sublime paysage de garrigues et de vignes mélangées. Le décor est odorant  : thym, laurier, romarin. Il n’est pas rare d’observer l’aigle de Bonelli qui niche sur les falaises escarpées. Ici, la nature est omniprésente. Certes, mais une ascension trop rapide du pic n’aide pas à prendre conscience que cette écologie est également fragile… et sacrée.

Le Pic Saint-Loup, commune de Cazevieille – crédit photos Franck Soler

Débordements

Le pic est victime de son succès. 90000 personnes l’empruntent chaque année à partir du parking de Cazevieille. Aménagé en décembre dernier, « il est déjà trop petit » clame le maire Jean Vallon. « C’est exaspérant ! les gens se garent n’importe où, dans le village, le long de la route, dans la garrigue. C’est une invasion. Je ne peux pas supporter autant de personnes sur ma commune ! »

Du côté des randonneurs sportifs, la surfréquentation du massif est également mal vécue. Président du club alpin de randonnée dont les adhérents sont adeptes d’une pratique libre « hors sentiers balisés », Xavier Chamoulaud raconte  : « le dimanche 14 mars, quand nous sommes arrivés au sommet du pic par la face Nord, c’était la cohue. Je n’avais jamais vu autant de monde ! »

Rando youpla boom

C’est certain, le besoin de nature n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. La randonnée devient un territoire à soi. Pour François Bou, cadre à la Fédération départementale de randonnée (FDR), « marcher dans la nature est l’expression d’un besoin croissant des citadins de s’aérer et de se décharger de la pression liée au télétravail et au confinement. » La randonnée est une autre façon de voyager en temps de pandémie. Le Covid a eu un effet dynamisant sur les parcours de proximité. Les données des éco-compteurs fournies par le Département montrent des hausses spectaculaires de la fréquentation des sentiers de petite randonnée (PR) entre 2019 et 2020, Pour le sentier du Pic Saint-Loup, les périodes d’affluence se situent entre les mois d’août et d’octobre 2020, avec une pointe record à 1515 passages enregistrée le 15 octobre.

GRP GPSL number one

Suite à un concours organisé par la Fédération Française de Randonnée, le GR® de Pays Grand Pic Saint-Loup été élu « Mon GR préféré » pour l’année 2021. Il permet de partir à la découverte d’un vaste territoire, sur une itinérance de plusieurs jours, à partir de quatre boucles totalisant 245 kilomètres. « Ce GR est une vraie aubaine pour le secteur du tourisme » s’est réjouit Alain Barbe, le président de la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup, dans une interview donnée au Midi Libre. Il faut bien distinguer le sentier du Pic Saint-Loup – une « promenade » de six kilomètres aller retour – du GR qui s’adresse à des randonneurs plus aguerris. Ludivine de Robert Vaillat de la communauté de communes, le précise  : « C’est sur le sentier du pic que la fréquentation est la plus importante. Il attire une population très variée, pas forcément sportive mais motivée par le seul but d’atteindre le sommet ». De son côté, François Bou confirme que le sentier du Pic Saint-Loup répond pleinement à l’offre de circuits à la journée, notamment pour les montpelliérains. « Il n’y a pas besoin de prendre beaucoup de temps pour s’organiser une randonnée au Pic Saint-Loup. Une après-midi suffit.  »

Plan massif

Voilà qu’autour du Pic Saint-Loup, la randonnée est en passe de devenir une tradition. Et le développement des activités de plein air représente un atout pour le tourisme et l’économie du territoire. La prochaine étape, dès cette année, vise à mettre en place un Plan Massif. Ludivine de Robert Vaillat précise « qu’une concertation doit être organisée avec l’ensemble des élus du territoire afin de trouver des solutions tant pour la fréquentation des sites que pour les questions de conflits d’usage, d’accès et de stationnement. Sans oublier la préservation du massif ». Le chantier est à la hauteur des enjeux… et des attentes. Parmi les inquiétudes, la question du risque incendie en est une. « On laisse grimper 3000 personnes sur le pic. Mais que se passera t-il si un feu démarre brutalement au pied du massif  ? » s’insurge le maire de Cazevieille.

D’après Didier Fournials, directeur de cabinet à la communauté de communes, « le Pic Saint-Loup est appelé à devenir un lieu de surfréquentation ». Le Plan Massif devra trouver les réponses adaptées à cette situation. Les solutions existent. Parmi elles, la création d’une « brigade verte » financée par un péage sur les parkings d’accès aux sentiers. « Les solutions doivent être globales. Il n’y a pas les citadins contre les ruraux. Tout le monde consomme l’espace de tout le monde. »

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