Sous ses airs désuets et mal bâtie, la station balnéaire languedocienne ressemblerait à un petit coin de paradis. Ambiance pastisane et débraillée. Snobée par les bobos chics qui y voient l’incarnation d’un tourisme beauf, Palavas l’été se fiche du monde et solde les ingrédients du bonheur… à qui veut.
Publié le 21 septembre 2021

Les pieds dans l’eau
Entre Montpellier et la Grande-Motte, Palavas-les-Flots (d)étonne. Vieillotte, la station balnéaire est restée à l’image du tourisme de masse impulsé dans les années 70. Conquis à coup de bulldozer et de démoustication, le littoral languedocien a conservé son côté âpre et sauvage – merci les lagunes – que beaucoup de « gens du Nord » apprécient.

Lez’grau
À l’origine de Palavas, un petit village de pêcheurs niché en rive gauche du Lez, sur un grau. Pour cette station touristique, le port de pêche est un bel atout. La pêche palavasienne est encore active avec une trentaine de bateaux professionnels.

Melting pot architectural
À Palavas, le front de mer bâti n’obéit qu’à une seule logique, celle de la hauteur. Immeubles d’appartements et d’hôtels ont été construits dans le but d’offrir la plus belle vue sur la mer. Des couleurs vives en guise de style architectural, un épannelage décousu. Il faut voir ces anciennes maisons de pêcheurs timidement rehaussées entre deux colosses bâtis à R+5 ! On est loin de la poésie pyramidale de La-Grande-Motte.
Ce haut front bâti fait de l’ombre aux ruelles du centre ancien, juste derrière. Mais miraculeusement, le clocher de l’église Saint-Pierre arrive toujours à percer.
Quant au Phare de la Méditerranée, avec ses faux airs de soucoupe volante surplombant la ville, il est devenu l’emblème de Palavas. Majestueusement éclairé la nuit, il abrite le centre de congrès et un restaurant panoramique tournant. Une folie au goût amer pour certains.

Open bazar
Au pied de plusieurs immeubles proches du port, s’étale le commerce phare de Palavas : le bazar de plage. On y vend de tout, du moment que c’est en plastique et que ça va dans l’eau. Ici, les bouées gonflables sont reines. Il faut dire qu’avec mistral et tramontane – ces vents violents soufflant de terre – elles ont une fâcheuse tendance à prendre définitivement le large.

Des mouettes… sur la terre comme au ciel
Palavas affiche un tempérament parfaitement décomplexé. Ici, ni palmiers, ni hôtels cinq étoiles, ni bars de luxe. L’ambiance Croisette est ailleurs. On se contente du décor naturel mouettes et flots bleus.
Du printemps à l’automne, l’animation ne manque pas, surtout rive gauche, le long d’un quai qui se prolonge entre plage et canal. La promenade vaut le détour : mosaïques colorées, poissons et coquillages dessinés sur les bancs, structures monumentales dont le fameux «#lovepalavas» qui mène à la statue «L’Espoir».

Ici commence la mer
Sur les quais, l’exubérance de la décoration océane donne le ton. Poissons et coquillages égayent un mobilier urbain fait de bric et de broc. Jardinières entre poubelles.
Palavas ? beaucoup la méprisent et la trouvent vulgaire. D’autres l’adorent. C’est le cas de Pascal, habitant du quartier de la Chamberte à Montpellier, pêcheur à la ligne et grand habitué des lieux : «Ici, c’est mon petit coin de paradis». Et de rajouter, en guise de clin d’œil : «Je m’y sens comme un poisson dans l’eau».

Bonjour la haut
Avec le Transcanal, un télésiège permettant de passer d’une rive à l’autre du Lez, le summum du kitsch est atteint. Mais aussi désuet soit-il, ce « Mickey » vieux de 44 ans donne tout son charme à la station. Palavas navigue entre l’intemporel et l’unique. Ici, ne rien changer, c’est gagnant !
Les banquettes et les nacelles oranges ou rouges offrent une belle vue sur la mer et sur les plages. Elles transportent une clientèle à la fois locale et touristique (500 à 1 000 personnes par jour quand même).”

L’âge des glaces
Avec leurs enseignes racoleuses, les commerces de restauration rapide sont omniprésents sur les quais et dans les petites ruelles autour du port. Aucune autre station littorale ne peut se targuer d’offrir autant de pizzerias, moules-frites et glaciers au mètre carré. Et dans cette profusion cholestérolémique, les vendeurs de glaces italiennes – forcément artisanales – occupent le haut du pavé.

Pèlerinage
Ils sont nombreux comme eux à se rendre au bout de la jetée, jusqu’au monument «L’Espoir» qui domine la mer. Il est écrit en haut des marches : «Palavas-les-Flots, terre d’accueil». Pour ces trois jeunes montpelliérains, Palavas est devenu un lieu de pèlerinage.

Défouloir nocturne
Le Luna Park de Palavas est une attraction incontournable du littoral. On y croise des jeunes citadins en manque d’adrénaline comme des touristes en famille. Palavas jouit de son parc d’attraction comme de son Casino. L’argent y coule à flot.

#lovepalavas
Une famille gardoise au complet sur les quais… par ici le bonheur !

Waterworld
Chez Samy Jet Ski, on fait le plein tout l’été, sept jours sur sept, du matin 9 heures jusqu’au soir 21 heures. «Nous attirons surtout les jeunes, seuls ou en couple. On propose des locations à l’heure ou à la demi-heure et aussi des randonnées vers Maguelone ou Carnon. « À 60 € les 30 minutes, on peut s’offrir ça au moins une fois dans l’été, non ? »

Campement de famille
Palavas est familiale et populaire. Et c’est pour ça qu’on l’aime ! L’été, sa population avoisine les 80 000 habitants, contre 6 000 hors saison.
La fréquentation de la station est cosmopolite. C’est la plage la plus proche de Montpellier. Elle attire des ménages modestes, amateurs de pastis et de pétanque, des familles nombreuses d’origine maghrébine, des gitans turbulents et des jeunes excités des cités. La population résidente, à 43 % des retraités, ne voit pas ces invasions estivales d’un très bon œil.

Blue business
En quelques années, Palavas est devenue LA capitale du jet ski. Les six loueurs sont aujourd’hui regroupés le long du canal et sur la plage du Prévost, à l’Ouest de la station.
Tout ces engins bondissants et vrombissants sur les flots ont de quoi exaspérer les touristes – et les résidents – encore admiratifs du calme et de l’immensité des éléments. Mais ici, la mer n’est qu’un pur produit de consommation. Et le jet ski, ça rapporte gros!

Zaïna la mer
Elle est venue à Palavas en famille. Ses parents habitent la région lyonnaise et sont en vacances pour quelques jours. Le temps pour elle d’apprendre à nager. «C’est mieux sans la bouée» dit-elle à son papa qui ne la quitte pas des yeux. «On vient ici chaque année. On aime bien Palavas, c’est populaire et pas guindé comme ailleurs.»

Balance ton ombre
À Palavas, les plages sont immenses et assez rarement bondées. Les plagistes sont peu nombreux. Les clubs privés aux ambiances lounge et friquée se trouvent plus vers le littoral «sauvage» du Petit et Grand Travers, entre Carnon et La-Grande-Motte. Ici, entre école de voile, clubs de surf et de sauvetage, place au sport et aux jeux. Et les enfants sont rois.

Sea, sun and smile
Lisa, Mélina et Clément ne se connaissaient pas. Palavas les a réunis. Rive gauche, ils sont nombreux à venir sur cette large plage vouée aux sports en plein air – beach volley, beach soccer – totalement investie par les jeunes. Même la gymnastique a colonisé cette plage urbaine équipée d’agrès. Il faut bien ça pour être beaux et bien portants. Beaucoup de ces jeunes viennent de Montpellier. «Ici, c’est top. On est là seulement pour le week-end mais on va bien en profiter!