Le coefficient de biotope ou comment accorder des droits à la nature

Il y a là une révolution juridique qui bouscule notre manière de penser l’urbanisme et la planification.

Le coefficient de biotope (on parle aussi de CBS, coefficient de biotope par surface) introduit il y a déjà 10 ans par la loi ALUR, permet aux documents d’urbanisme d’imposer sur les parcelles constructibles une part minimale de surfaces non imperméabilisées ou éco-aménageables. Ces surfaces naturelles sont pondérées en fonction de leur nature et de leur « capacité » à préserver la biodiversité dans les espaces urbains. On ne peut quand même pas donner la même valeur écologique à un jardin sur dalle qu’à une chênaie arbustive.

Mais on a quand même beaucoup de mal à considérer le « vivant » autrement que par le négatif du « constructible ». Or, ce qui est inconstructible n’est pas forcément vivant. Par ailleurs, le coefficient de biotope ne fait l’objet d’aucune définition dans le code de l’urbanisme, ce qui laisse la possibilité aux collectivités de le fixer comme elles l’entendent.

Comme si la pertinence écologique de cet outil n’était pas suffisamment reconnue, on peut regretter que le coefficient de biotope soit encore si peu utilisé, en particulier dans les PLU communaux. On lui préfère les coefficients d’espace libre, d’espace perméable ou de pleine terre alors qu’ils ne permettent pas de garantir une surface minimale consacrée à la nature.

Et dans les villes denses comme Paris, le coefficient de biotope est surtout utilisé comme un outil de compensation, donc loin de favoriser la renaturation des espaces urbains et la création d’îlots de fraîcheur.

Il y a pourtant dans le coefficient de biotope une vraie révolution. Mieux : un changement de paradigme. L’occasion (enfin) d’inverser le regard. De voir son jardin autrement que par ce qu’il permet de construire. De donner autant de droit à la nature qu’à nous mêmes. Une autre vision de l’urbanisme et du monde.

Illustration  : © Martin Etienne

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